Nouvelle 3 :
Terminus
#lecturealamaison
Comment se terminera le périple à l’aveugle de Yann, l’usager invétéré de la ligne de bus 21 ?
Assis dans le bus de la ligne 21, Yann ouvrait grand ses yeux et ses oreilles.
Le trajet aller-retour de chez lui jusqu’au terminus, il le faisait chaque fois qu’il sentait monter le poison. Prendre le bus 21 était le seul antidote qu’il avait trouvé un jour par hasard pour empêcher le poison de se répandre dans sa tête et dans son corps.
Ce soir dès les premiers signes avant-coureurs, il avait enfilé ses baskets et son blouson pour se précipiter à l’arrêt de bus en bas de chez lui.
Tous les sons délicieusement familiers du bus avaient sur lui un effet instantanément apaisant. Le couinement des freins hydrauliques, l’ouverture des portes, la petite musique du composteur de billets, le bruit du bus qui s’ébranle. Un décor sonore qui déclenchait chez lui l’accalmie salutaire.
Yann entrait dans le bus comme on entre au cinéma. Avec son ticket il s’installait sur un siège et c’était parti pour une séance de 90 minutes à tenter de s’extirper de sa vie et s’immerger dans l’univers d’autres personnages. Les passagers du 21.
Il ne connaissait aucun des acteurs du casting. Tous des anonymes, mais souvent des acteurs de talent qui improvisaient avec une facilité déconcertante les dialogues d’une tranche de vie devant le spectateur fasciné qu’il était.
Se connecter à ses concitoyens au hasard de la fréquentation des usagers du bus l’empêchait de sombrer dans une dérive vertigineuse à chaque fois qu’il se sentait désespérément déconnecté de la planète et des hommes. Une dérive galactique où il se visualisait perdu dans l’espace à des millions d’années-lumière de tout ancrage.
Et quand Yann sentait venir la perte de pesanteur, il prenait le bus. Dans cet habitacle en mouvement qui transportait d’un lieu à un autre une petite communauté éphémère, il retrouvait avec soulagement ses semblables ancrés dans un quotidien délicieusement ordinaire, où chacun savait ce qu’il avait à dire et à faire.
Alors il observait les gestes, écoutait les paroles qui lui donnaient des indices minuscules pour comprendre ce qui ancrait les passagers à la vie. Jamais encore il n’avait surpris une conversation sur une quelconque dérive galactique ou une sensation d’apesanteur. Les conversations qu’il entendait depuis six mois avaient toutes de solides ancrages à la terre et à l’instant présent. Et plus les conversations étaient banales et ordinaires, plus il était fasciné par la capacité des passagers à vivre pile dans l’instant.
Ce soir une jeune fille assise en face de lui, racontait à sa mère comment, la veille, elle et sa copine avaient été trempées jusqu’au slip par le passage d’une voiture dans une grosse flaque. Suivait ensuite la description du déshabillage devant la porte de son appartement, tellement les habits étaient trempés. Sa mère – tout comme Yann – était suspendue à ses lèvres, hameçonnée par le mini suspense du récit décrit étape par étape. Quid de la fin de la mésaventure ? La fille était allée se sécher dans son appartement où elle avait essoré ses vêtements dans la baignoire. Et la mère avait demandé « et ta copine ? ». Sa fille lui avait alors raconté le coup de téléphone de sa copine qui s’était déshabillée directement dans la baignoire. Mère et fille collaient au récit des faits avec le même intérêt que s’il s’était agi d’un parcours de survie dans la jungle amazonienne. Et Yann était fasciné par leur capacité à se focaliser sur un mini événement sans jamais se laisser perturber par un quelconque questionnement existentiel.
Lui, depuis qu’Amalia avait décidé d’aller ronronner ailleurs, il se débattait avec des questions sans réponses. Qui suis-je ? Où vais-je ? Pour faire quoi ?
Penchée vers sa fille, la mère tenait son sac à deux mains sur ses genoux, et Yann voyait ses doigts se crisper sur le cuir à chaque fois qu’elle attendait le suspense de l’étape suivante que sa fille lui livrait avec un récit circonstancié.
Yann aurait voulu que le voyage ne s’arrête jamais. Que le chauffeur les kidnappe en roulant jusqu’aux confins de la nuit. Et il réalisait que contrairement à tous les autres passagers, il était sans doute le seul à ne pas être pressé de descendre. Tous étaient pressés d’arriver. Mais où ? Et pour faire quoi de si urgent ? Lui n’avait pas envie de redescendre du bus. Rentrer chez lui pour faire quoi ? Affronter le vide et la gamberge qui allait avec.
En arrivant à Thionville il y a six mois, il s’était dit qu’il allait prendre un nouveau départ. Que ce n’était pas la fin du monde de se faire plaquer à 32 ans par sa copine qui en avait choisi un autre. Que ça arrivait à des millions de gens, qu’il n’était ni le premier ni le dernier à devoir rebondir dans la vie.
Quand Amalia lui avait annoncé après la pizza quatre fromages qu’elle avait rencontré quelqu’un au bureau, il avait quitté la cuisine sans un mot et avait marché longtemps dans la nuit. A quoi bon discuter ou poser des questions. Pour entendre des détails sordides et se torturer le ciboulot ? Non, pour lui c’était plié.
La nuit avait accueilli sa sidération résignée. Quand il était rentré fourbu au petit matin, Amalia avait déjà quitté les lieux, emportant avec elle six ans d’une vie lisse et rassurante. Au fond de lui, il avait toujours su que ça ne durerait pas. Mais par paresse ou lâcheté, il avait muselé la petite voix intérieure qui lui disait de se méfier du ronron quotidien. Lui, ça lui plaisait de ronronner au jour le jour avec Amalia. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle aille ronronner ailleurs.
Dans la semaine qui suivit son départ, il avait déposé sa demande de mutation au service des douanes de Mulhouse. À côté du motif rapprochement de conjoint, il avait tracé une petite flèche et avait écrit éloignement de conjoint.
Quand il avait consulté le tableau des places vacantes, il comprit qu’il aurait le choix entre Mayotte et Thionville. Entre l’outre-mer et l’ancien bassin houiller, il ne fut pas long à se décider. Il n’avait pas envie de bleu. Les dégradés de gris lui parlaient davantage. Il avait un besoin urgent de se fondre dans un décor neutre, capable de l’absorber tout entier, lui qui avait perdu les gestes délicieusement ordinaires du quotidien où il faisait bon ronronner à deux.
Ses nouveaux collègues au sein de la Brigade de Surveillance Intérieure des Douanes dans la ZAC de Thionville lui avaient réservé un bon accueil et donnaient l’image d’une équipe jeune et soudée. Depuis Vigipirate le nouveau dispositif de contrôle à la frontière avec le Luxembourg leur donnait du fil à retordre et ils étaient contents d’accueillir du renfort.
Et tant qu’il travaillait, Yann trouvait de quoi amarrer sa grande carcasse dans l’espace. Au bureau, assis devant son ordinateur, ou à arpenter les wagons lors des contrôles ferroviaires sur la ligne Thionville-Luxembourg.
Mais les jours de relâche, le poison montait dans son corps et distillait dans son cerveau une nausée galopante. Même le sport – qu’il pratiquait assidûment à Mulhouse – lui était devenu insupportable et lui procurait de violentes céphalées.
Le seul remède efficace qu’il avait trouvé pour s’arracher à sa torpeur nauséeuse était de monter dans le bus et de prendre place parmi les anonymes. Le simple mouvement du bus et la compagnie des usagers le soulageaient instantanément de l’obsédante vision qu’il avait de lui. Une mouche prise au piège dans un pot de glu.
La nuit était tombée et le bus arrivait au terminus. Yann vit avec regret la mère descendre avec sa fille pour poursuivre leur petite conversation à l’abri de ses oreilles indiscrètes, le privant par la même occasion de la fin du feuilleton.
Profitant de la pause au terminus, le chauffeur alla griller une cigarette sous l’abribus. Il ne semblait pas se soucier du passager qui faisait régulièrement l’aller-retour sans jamais descendre à un arrêt. Mais Yann vivait la pause au terminus comme un entracte au cinéma, et il sortit de sa poche de blouson un petit paquet de cacahuètes en attendant que la séance reprenne.
S’arracher à son petit pot de glu pour aller écouter des bribes de conversations anonymes l’empêchait momentanément de dérailler. Il observait ses contemporains entrer et sortir du bus, mettre un pied devant l’autre, échanger des paroles en direct ou au téléphone. Alors il imaginait les répliques de l’interlocuteur au bout du fil, tentant de deviner la nature du lien et l’endroit improbable où l’autre se trouvait pour répondre. Sur le portable on pouvait répondre de n’importe quel lieu. Dehors, chez soi, et même aux toilettes.
Laisser vagabonder son esprit vers d’autres univers que le sien sans avoir à fournir tous les efforts de socialisation pour faire ami ami, lui donnait l’impression de faire encore un peu partie du monde des vivants.
Le chauffeur avait regagné son siège et dès les premières vibrations du moteur, Yann retrouva le sentiment rassurant de départ. Les portes se refermèrent en chuintant et il sentit avec soulagement le soubresaut du bus qui s’ébranle, quand l’élan fut soudain contrarié par un coup de frein, et le chauffeur actionna l’ouverture de la porte. Avant même de voir le passager, Yann entendit sa voix.
— Nala, pattes ! Bonjour. Nala, monte !
Un labrador de couleur sable monta dans le bus et s’assit sagement en attendant que sa maîtresse achète son ticket. Le chien semblait repérer les places libres et guida sa maîtresse vers l’espace poussettes, pile devant la place de Yann.
Assis sur le sol face à lui, le chien le fixait en remuant la queue. La passagère se tenait debout derrière son chien, et Yann ne savait pas si elle aussi le fixait. Elle portait des lunettes de soleil. Lâchant le guidon du harnais, elle garda la laisse dans sa main droite et fit passer sa canne jaune dans sa main droite pour se tenir à la barre de maintien, pile face à Yann. Dans le bus désert il se retrouvait à quelques centimètres des deux passagers qui semblaient le dévisager. Cette soudaine promiscuité le mit mal à l’aise, et il se demanda s’il allait descendre au prochain arrêt signalé par la bande sonore. Mais il n’arrivait pas à détacher son regard de celui du chien qui semblait le surveiller. Incapable de se lever pour appuyer sur le bouton arrêt demandé, il resta sagement assis à sa place en attendant que le bus s’arrête pour prendre d’autres passagers. Il en profiterait pour filer discrètement.
Mais ce soir les usagers du 21 semblaient avoir d’autres projets que de prendre le bus. La bande sonore égrenait le nom des arrêts que le chauffeur passait allègrement dans la ville obscure et déserte.
Lorsque Yann voulut discrètement consulter sa montre pour avoir une notion de l’heure, le chien émit un petit jappement interrogatif. Aussitôt Yann suspendit son geste, incapable de quitter le chien du regard. La passagère s’adressa alors à son chien.
— Sage, Nala !
Troublé par l’étrange tête-à-tête avec la passagère, Yann prit la remarque pour lui, et il bredouilla spontanément quelques mots confus, ce qui déclencha chez la passagère des hoquets d’un rire guttural.
— Non, ne vous excusez pas ! C’est ma chienne… on dirait qu’elle a jeté son dévolu sur vous et qu’elle vous garde à l’œil. Elle n’a pas encore fini son apprentissage et se montre très démonstrative. Pas vrai, Nala ?
La chienne émit alors un petit jappement affirmatif et posa son museau sur les genoux de Yann, comme pour donner raison à sa maîtresse. Des deux mains, Yann gratta la chienne derrière les oreilles, et toute la tension qu’il avait accumulée depuis le démarrage du bus retomba d’un coup.
Dans ses missions de contrôle ferroviaire ou autoroutier vers le Luxembourg, il travaillait depuis deux mois avec un jeune berger malinois qu’il finissait de dresser pour la détection d’armes et d’explosifs. La spécialisation de maître-chien avait été sa motivation première pour entrer dans les douanes il y a dix ans, à sa sortie de l’école de formation de chiens douaniers de La Rochelle.
Ce soir c’était la chienne qui lui montrait le bon exemple en lui rappelant les codes de socialisation. Ne pas fuir devant sa maîtresse malvoyante sans avoir pris la peine de la saluer. De son siège, Yann se pencha vers l’animal et frotta son front contre sa tête, le complimentant à voix basse.
— Mais oui, t’es une bonne fille, Nala !
— Ouh là… ! Après cette déclaration d’amour, elle ne va plus vouloir redescendre du bus ! Je me trompe, Nala ?!
Et la chienne d’émettre un petit jappement affirmatif. Sans repère de regard, Yann éprouva le besoin de se lever pour adresser la parole à la passagère aux lunettes de soleil. Curieusement il se retrouva tout contre elle et hésitait à prendre la parole. Elle ne recula pas mais semblait deviner son embarras et lui vint en aide en chuchotant.
— Dites-moi si je me trompe, mais j’ai comme l’impression qu’on n’est que trois dans le bus ce soir. Vous, moi et ma chienne.
À son tour Yann se mit à chuchoter.
— Oui, c’est bien ça. On est trois. Et le chauffeur, bien sûr…
Elle prit un air énigmatique et se rapprocha encore plus près de lui en continuant à chuchoter.
— Oui… le chauffeur… du bus fantôme qui roule en passant tous les arrêts !
Yann ne put s’empêcher de sourire, réalisant soudain que ça faisait longtemps que le bus ne s’était pas arrêté. Même la bande sonore annonçant les noms des arrêts s’était tue. Dehors il faisait nuit et Yann ne distinguait plus grand-chose. La passagère continua sur le mode de la confidence amusée.
— De deux choses l’une. Ou il y en a un qui est pressé de rejoindre sa femme à la maison. Ou alors… on a basculé dans une autre dimension ! Genre… le bus en folie !
Alors qu’elle réprimait un début de fou-rire, le bus freina à un feu rouge et elle perdit légèrement l’équilibre. Yann la rattrapa par l’épaule, et de sa main libre elle s’accrocha à son avant-bras.
— Oups ! Bien fait pour moi ! Ça m’apprendra à me moquer du chauffeur… Plus sérieusement, vous descendez à quel arrêt ?
— Moi c’est Mermoz. Et vous ?
— Nous on descend à Bossuet.
— C’est trois arrêts après le mien.
— Alors je vais demander au chauffeur de m’arrêter à Bossuet puisque la bande sonore à l’air H.S.
— Non, attendez… ! Je… je vais descendre avec vous à Bossuet et je reviendrai chez moi à pied, c’est pas loin… je peux marcher…
Yann se rendit compte qu’il était en train de dire n’importe quoi pour temporiser le voyage au bout de la nuit. Il sentit alors le long de son avant-bras la main de la passagère qui tentait de déchiffrer sa motivation. Ses doigts glissaient sur le cuir du blouson et s’arrêtèrent au niveau du coude. Elle reprit alors sur le ton de la conspiration.
— Vous avez raison, c’est plus prudent, des fois que le chauffeur me fasse faire trois fois le tour de la ville pour peu qu’il veuille plus rentrer chez lui ! En plus c’est Nala qui va être contente si vous descendez au même arrêt que nous! Pas vrai, Nala ?!
Et la chienne de pousser un petit jappement affirmatif en remuant la queue.
— Vous voyez, je ne vous raconte pas de bobards !
Elle avait légèrement resserré ses doigts sur le cuir du blouson comme pour lui signifier que c’était ok pour elle, qu’il n’y avait pas de malaise, qu’elle appréciait son geste. Yann regardait la chienne et sa maîtresse qui semblaient tous deux confiants et beaucoup plus détendus que lui.
Au moment où il voulut se diriger vers le chauffeur pour lui demander de s’arrêter à l’arrêt Bossuet, celui-ci s’empara du micro et chaussa ses Ray-Ban pour leur passer un message.
— Prochaine escale : Bossuet. Atterrissage prévu dans cinq minutes environ. Votre commandant de bord espère que vous avez fait bon voyage!
Et avant que les deux passagers aient eu le temps de réagir, le mystérieux commandant de bord envoya sa musique dans les haut-parleurs. La bande-son de Top Gun – Take my breath away – emplissait tout l’habitacle, pendant que Yann voyait défiler les arrêts où des passagers agitaient désespérément les bras en direction du bus en folie qui filait à toute bringue vers sa cible.
Cramponnée à Yann, la passagère bougeait au rythme de la musique en donnant de la voix pour se faire entendre.
— Ouh là ! Tom Cruise qui atterrit à Thionville, qui l’eut cru, Lustucru ! Y en un qui a besoin d’aller se reposer avant de péter une durite et d’emmener ses passagers sur la lune !
Incapable de rassembler ses esprits dans l’improbable slow, Yann commençait à avoir mal au cœur, tellement ça tanguait dans le bus. Il aidait la passagère à garder l’équilibre, car de ses deux bras elle reproduisait au rythme de la musique les gestes de l’hôtesse de l’air pour lui indiquer les issues de secours, tout en lui prodiguant ses consignes de sécurité.
— Ne jamais contrarier les dingos. Toujours aller dans leur sens. Dès que Mister Dingo atterrit, on descend de l’avion !
— Oui… s’il ne se crashe pas avant dans le décor!
La chienne commençait à s’agiter autour de leurs jambes, et Yann fit de son mieux pour la calmer malgré les turbulences.
Quand l’engin amorça la phase d’approche à grands coups de freins, Yann plaqua la passagère contre son dos et lui demanda de s’accrocher à ses épaules. Il l’informa qu’il prenait la chienne en laisse pour quitter le bus au plus vite, des fois que le pilote change d’avis et reparte pour un petit tour de manège.
Mais au lieu d’actionner l’ouverture de la porte arrière, le chauffeur actionna l’ouverture avant, et se retourna d’un air triomphant vers ses deux passagers qu’il salua d’un viril salut américain pour leur signifier qu’il avait accompli sa mission.
Yann prit la chienne en laisse et se dirigea à contrecœur vers l’avant du bus, avec la passagère accrochée à ses épaules. En passant devant le chauffeur, il vit que celui-ci lui adressait des clins d’œil appuyés en levant deux pouces enthousiastes. Repensant aux conseils de la passagère, Yann le gratifia à son tour d’un clin d’œil discret, et se força à ralentir la descente de la marche pour ne pas faire trébucher la passagère privée de sa chienne.
Dehors il accéléra le pas et la conduisit jusqu’à l’abribus, pendant que le bus s’éloignait à grands coups de klaxon.
La passagère avait l’air de s’amuser de leur petit tour de manège et demanda en rigolant :
— Alors, il avait l’air de quoi Tom Cruise ?
— Euh… j’ai pas bien vu, il avait ses Ray-Ban !
— Sans blague ?! Encore un malvoyant ?! Ben on l’a échappé belle !
Sidéré par son sens de la dérision, Yann décida de lui emboîter le pas.
— Heureusement qu’à bord on avait une hôtesse de l’air… grande classe !
— Oui, mais… Lili-l’hôtesse-de-l’air-grande-classe n’a même pas eu le temps de servir les collations avec toutes ces turbulences… ça mérite bien une petite séance de rattrapage pour les trois rescapés ! Il nous resterait pas quelques olives à la maison, Nala ?
Et la chienne adressa à sa maîtresse un jappement sans équivoque. L’ivresse de leurs rires se mêla aux échos de la chienne qui tirait sur son harnais pour rentrer à la maison.
À mille lieues de sa dérive solitaire, Yann se laissa guider dans la nuit par la chienne et sa maîtresse.